04/06/2014

Allumeuse d'enfer

Lampyris noctiluca
Pour aguicher, pour séduire, pour attirer les regards masculins, 
- certaines tortillent du popotin, 
- d'autres (souvent ce sont les mêmes!) couvrent d'un tissu moulant leurs formes féminines, 
- d'autres encore dénudent, ici ou là mais toujours en des points stratégiques, leurs corps de nymphe (pas toujours de nymphe, d'ailleurs ! parfois la nymphe est très très imago et l'effet est moins réussi!)
- et d'autres enfin laissent toujours la fenêtre de leur balcon généreusement ouverte...

Mais la plus allumeuse de toutes les dames de notre planète, c'est sans aucun doute M'ame Lampyre !

Pensez donc: aptère (donc par terre!), ressemblant plutôt à une grosse larve qu'à un coléoptère et loin de tout site de rencontre, M'ame Lampyre a bien du mal à faire connaissance avec un beau mâle pour passer un bon moment... 
Alors dans l’obscurité des bois de nuit, M'ame Lampyre allume... son popotin! Oh, pas besoin de quelqu'un pour tenir la chandelle avec elle... Elle a le diable au corps, la coquine: luciférine et luciférase coulent dans son corps ! 
Bioluminescente, la charmante lampyre attire et convole en justes noces... Enfin, non, elle ne convole pas puisqu'elle n'a pas d'ailes!
Mais malgré sa technique de drague éclairée, la belle et ses congénères sont en danger: les lumières humaines qui brillent empêchent Sieur Lampyre de repérer les belles de nuit !


29/05/2014

Le Baron Rouge ?

Macroglossum stellatarum

Celui-là, quand on peut l'attraper dans son APN sans qu'il ait des allures de l'Homme qui valait trois milliards quand il court ou Superman quand il range sa maison, on vide d'un trait une bouteille de son vin préféré tant c'est difficile de choper l'animal!
Certains se plaisent à dire "Mort aux c...."! Tsssss! Pas de ça ici! Ici, nous disons " Moro sphinx" ou "Sphinx colibri": ça c'est permis!
Muni d'une immense trompette, du genre de celle des hérauts du Moyen-âge annonçant l'entrée en lice du Baron Rouge (je sais, je me suis trompée d'époque mais il existait peut-être un baron rouge à cheval au Moyen-âge, j'vous f'rais dire!) ou l'arrivée du roi dans la salle des festins, ce petit Sphingidae beige et marron, tout dodu aime se prendre pour un colibri. En vol stationnaire essentiellement près des corolles violettes, bleues ou blanches, il se délecte du nectar inaccessible aux autres butineurs mal équipés en matière de paille à enrouleur et une fois aspirée la dernière goutte, il fait marche arrière puis par une habile manœuvre, se replace en face de la coupe de nectar suivante. Capable de voler rapidement et précisément, il est une proie difficile pour les preneurs d'images...

Finalement, l'as du pilotage, le Baron Rouge, c'est lui!

12/03/2014

Nous sommes chagrinés...


Procruste coriaceus - Procruste chagriné
Attention, attention! 
Puisqu'il m'est offert de m'exprimer sur ce blog, je souhaiterais mettre un terme à l'abominable confusion dont mes congénères et moi-même sommes victimes depuis trop longtemps. Certes, et nous n'en disconviendrons pas, nous sommes des affreux, des mangeurs de chenilles, des gobeurs de petits mollusques et des chapardeurs de fruits juteux et bien mûrs mais nous ne sommes pas des assassins!

Procruste coriaceus est notre nom de scène mais dans l'intimité, on s'appelle juste Procruste et c'est bien là la source de notre tristesse.
Dans les temps anciens, un horrible bonhomme de la mythologie grecque, un brigand, un ogre, un être malfaisant répondant au nom de Procuste ou Procruste terrorisait une contrée hellénique en attachant ses victimes sur un lit, en leur coupant ce qui dépassait du lit ou en les étirant pour qu'ils aient la bonne longueur...

Cessez donc de nous confondre avec ce triste sire.
Nous, magnifiques carabes noirs, la seule chose un peu inconvenante que nous nous permettons de faire, c'est de dégager un peu d'acide butyrique par notre fondement. N'ayant point d'ailes, l'odeur pestilentielle de notre jet gêne nos agresseurs ce qui nous laisse le temps de filer à six pattes.

Qu'on se le dise!

10/03/2014

♪ Hanneton prend sa faucille, larirette, larirette...

et s'en va couper les feuilles...
(Pour aujourd'hui, la chanson s'arrête là; c'est un blog correct, diantre!)

Melolontha melolontha
Hanneton commun 


On ne nous aime pas... mais on fait tout pour ça!
Déjà, nous, les papas et les mamans hannetons, effrayants avec nos antennes d'extra-terrestre, nous boulotons les feuilles de tous les arbres sur lesquels nous nous installons.
Nos rejetons, eux, que nous surnommons affectueusement nos petits "vers blancs", préfèrent les racines. Les marmots de la cétoine dorée sont souvent confondus avec les nôtres! Pas de bol pour ces pauvres gosses qui sont souvent exterminés par erreur alors qu'ils ne sont, eux, que de gentils décomposeurs...
 
Notre masse pondérale nous rend un peu patauds et notre vol a tout du bombardier et rien de l'hélico. A la tombée du jour, au jardin, il est possible que vous vous preniez l'un d'entre nous en pleine poire! Fallait prévoir!

A cause de tout ça, on nous déteste et jardiniers ou agriculteurs sont bien heureux quand on sert de casse-croûte aux insectivores qui en ont toujours pour leur argent car on est plutôt du genre balaise!...

Et dans notre famille, on raconte qu'autrefois, encouragés par leurs parents, les gamins se servaient de nous comme mini cerfs-volants! Ils nous accrochaient un brin de laine à la patte et ils nous faisaient tournoyer autour d'eux en nous privant de liberté.
Je n'ose imaginer le sort qui était réservé au melo fatigué...

Les galopins d'aujourd’hui ont du mal à nous mettre un fil à la patte car nous sommes moins nombreux qu'avant. Les humains travaillent la terre autrement et nous n'avons plus toujours le temps d'achever notre cycle de vie!
Tant pis... pour vous!

Photos de mon Tonton Michel

08/03/2014

T'as de beaux yeux, Ti Pule ...


 Tipula vernalis... peut-être...

...mais c'est tout ce que tu as de beau! Tu es élégante de loin et il ne faut regarder que tes yeux!
Ta tête, Ti Pule, est à faire peur... Yeux exorbités, faciès d’extra-terrestre (tu fais comment pour ton rouge à lèvres?) et ton sourire... inexistant!
 
Photo G. Rubatto

Tes pattes gigantesques effraient les arachnophobes.
Avec tes deux ailes pâlichonnes, tu ressembles à un moustique mais heureusement, tu ne piques pas!
Question silhouette, tu n'as pas vraiment une taille de guêpe...

Comme tu aimes te retrouver dans la lumière, tu nous enquiquines en tournicotant autour des lampadaires, en jouant le gros parasite sur nos écrans de télévision et en ajoutant des caractères grossiers sur nos écrans d'ordi.
Si tu sers de casse-croûte aux oiseaux et aux grenouilles, tu te sers allègrement dans nos pelouses, nos belles lignes de pommes de terre et tu croques sans vergogne nos petites salades. Mais bon, il paraît que tu boulottes pas mal de feuilles mortes aussi... Tu décomposes...Tu t'occupes de nature morte.

Bon, j'arrête de te taquiner, cousin!

21/09/2013

Cyrano, no ! Iridis, si !



Lixus iridis (à vérifier!)

Je suis certain que si Edmond Rostand m'avait connu, il aurait parlé de mon rostre dans sa célébrissime tirade des nez. En plus "la tirade du rostre de Rostand" aurait traversé les siècles... !

Hélas, le pif de Cyrano a été comparé à un roc, à un pic, à un cap, à une péninsule, à une capsule, à une enseigne, à une conque, à un navet, à un melon... mais pas à mon long nez de petit charançon !

Dans notre grande famille des Curculionidae, nous sommes tous équipés d'un rostre. La taille de cet appendice est variable selon le genre ce qui veut dire que bon nombre de mes cousins ont un plus beau profil que moi... Comme notre bouche est au bout, on ne voit pas toujours très bien ce qu'on mange: c'est pour cela que l'on fait d'énormes dégâts dans les cultures. Achetez-nous donc des lunettes!

De plus, mais ça ne se voit pas bien sur la photo, de chaque côté de notre rostre, on nous a installé...  des antennes ! Oui, des antennes sur le nez ! Ah, si je tenais celui ou celle qui a eu cette idée stupide !
Le début de l'antenne s'appelle un "scape". Le reste de l'antenne, le "funicule", est souvent en forme de massue, parfois poilue! Tout pour plaire !

Mais certains ont du bol: ils ont pris l'option "repliable" (les veinards!). Ils peuvent à leur guise et selon les besoins du moment, étendre ou rentrer leur scape dans un scrobe. Pas nous, les Lixus ! Mais je préfère ça, finalement, car quand ils rentrent leur scape dans le scrobe du rostre, ça leur fait un bec de lièvre...

14/02/2012

Les joyaux de la décadence


Noctuelle: Amphipyra (pyramidea ou berbera, je sais pas!)

Longtemps, à la tombée du jour, le fragile animal enchanta les sous-bois par son vol délicat quand de-ci, de-là, il se posait pour se délecter des petites feuilles des grands arbres...

Mais le temps passa et l'animal commença à voleter moins vite, à se poser plus souvent... pour se reposer.

Un soir, en se regardant dans une fine gouttelette de pluie, prise au piège dans le creux d'une feuille, la noctuelle découvrit le début de sa fin, à la lueur du crépuscule.

Son thorax, habituellement recouvert d'un fin duvet doré, ressemblait désormais à un éclat de jade orangé, ce qui donnait à sa cuticule l'aspect d'une pierre précieuse taillée et polie. 
Son vol incessant, ses rencontres amoureuses, les aléas du climat avaient eu finalement raison de son bel habit d'écailles soyeuses.

Il n'est plus l'heure de bomber le torse ni de faire le gros dos quand on arbore un tel joyau. L'animal se posa, s'enveloppa de ses ailes désormais inutiles et attendit l'instant ultime pour emporter au paradis des papillons son bijou de famille.

11/02/2012

Boule de poil


Bombylius major

Très facile à décrire le bombyle, pas vrai ?
D'abord, qu'on se le dise: ce n'est pas un bourdon ! C'est une boule de poils avec deux ailes (ben oui, c'est un diptère !), six pattes et une très longue trompe non équipée d'enrouleur à l'inverse de celle des lépidoptères. Pratique pour les brochettes, les apéricubes et les olives mais assez gênant pour les bisous, ce me semble! Pas d'bol!

Quand il vole, Mister Bombyle se prend pour Superman : les pattes antérieures et médianes vers l'avant et les postérieures vers l'arrière. De plus, comme il lui faut du temps pour choisir où il va s'installer pour manger, il fait du surplace en vrombissant comme un moteur devant les couleurs vives de son assiette.

C'est d'ailleurs cette technique qu'il utilise pour duper ses victimes... Oui, on ne dirait pas, là, comme ça, en le voyant tout pelucheux avec ses bons gros yeux mais ce petit animal, inoffensif pour les humains, est un dangereux criminel pour d'autres insectes.

Mme Bombyle accouche le plus souvent chez ses voisins. D'abord, elle "lange" ses petits mais comme aucun bon magasin ne propose de couches pour œufs, Mme Bombyle s'est lancée dans la poterie. En frottant son petit bidon poilu sur un sol terreux, elle remplit ses "poches" de bonne terre (on se fait bien des masques à l'argile, nous autres humains!) qu'elle mélange à son mucus perso. Avec cette matière, elle enveloppe chacun de ses œufs d'une petite gangue de terre.

Ensuite, sans GPS, elle repère les entrées horizontales des galeries souterraines de ses voisins (des hyménoptères de préférence). Grâce au bruit inquiétant que font ses ailes quand elle vole comme un colibri, elle crée un mouvement de panique dans les rangs des habitants du lieu. Dès qu'elle a fait diversion, elle projette ses œufs protégés dans les couloirs puis s'en va, l'esprit tranquille. Elle sait que ses petits pourront, après éclosion, se diriger vers le garde-manger de la maison pour se nourrir des réserves de nourriture puis qu'ils pourront se délecter des larves qui dorment encore.

Quand je vous disais que cette mini-peluche était un monstre de cruauté !

Photo de mon Tonton Michel

05/02/2012

Le cas Asper

Morimus asper au cabaret des oiseaux
 (ou un Morime rugueux sur une cardère, enfin je crois!)

Tout le monde connaît Casper, l'adorable petit fantôme tout rond qui hante le manoir de Whipstaff avec ses trois oncles et qui se lie d'amitié avec une fillette...
Mais voici le cas Asper, tout aussi intéressant...

Si tel un chevalier du moyen âge, ce longicorne arbore un cimier imposant qui lui donne fière allure, il n'est pas le triste sire que certains se plaisent à dénoncer !
Comme Casper, il hante les demeures ancestrales et s'y installe.
Comme Casper, il aime les vieux manoirs qui sentent  le bois pourri.
Mais il a mauvaise réputation et c'est une erreur.
Monsieur et Madame Morime rugueux (Morimus asper) ne peuvent pas voler car leurs élytres sont soudées et pourtant, ils élèvent fort bien leur progéniture...Les autres Longicornes laissent tout faire à leurs marmots  et ceux-ci- xylophages, boulottent sans vergogne les charpentes de nos maisons. Mais les petits Morimus, eux, sont saproxylophages et ne se nourrissent donc que de bois en putréfaction. Ils adoptent, dès leur plus jeune âge, une démarche de développement durable en recyclant le bois des arbres morts et en transformant en matière organique les boiseries vieillies et pourries des manoirs hantés.

Cela redore un peu le blason des Longicornes, pas vrai?

Photos de mon Tonton Michel

01/02/2012

Mimi Maïs

 Misumène

Certes Madame Mimi (dans la haute société, sur son carton d'invitation, c'est plutôt écrit Misumena vatia) a un bon popotin mais comme c'est pareil pour son homme, elle n'en a que faire et n'a aucun complexe. Quelle veinarde!
Certes Madame Mimi peut se targuer d'avoir le bras long (enfin au moins 4 sur 8) mais elle n'a pas la grosse tête, elle, au moins!!!
Certes Madame Mimi n'a pas la démarche chaloupée mais plutôt la dégaine d'un crabe quand elle marche de travers ou à reculons.
Mais vous ne trouverez pas cette petite bestiole sur la toile car elle n'en tisse aucune. 
De plus,  pour échapper à ses prédateurs, elle revêt souvent une robe de la couleur de ses plantes-hôtes préférées. Rassurez-vous, les messieurs en quête de leur opisthosome pour assurer leur descendance parviennent à les repérer facilement ! Et n'est-elle pas mimi, cette petite araignée...

...qui ressemble tant à un grain de mais?