14/02/2012

Les joyaux de la décadence


Noctuelle: Amphipyra (pyramidea ou berbera, je sais pas!)

Longtemps, à la tombée du jour, le fragile animal enchanta les sous-bois par son vol délicat quand de-ci, de-là, il se posait pour se délecter des petites feuilles des grands arbres...

Mais le temps passa et l'animal commença à voleter moins vite, à se poser plus souvent... pour se reposer.

Un soir, en se regardant dans une fine gouttelette de pluie, prise au piège dans le creux d'une feuille, la noctuelle découvrit le début de sa fin, à la lueur du crépuscule.

Son thorax, habituellement recouvert d'un fin duvet doré, ressemblait désormais à un éclat de jade orangé, ce qui donnait à sa cuticule l'aspect d'une pierre précieuse taillée et polie. 
Son vol incessant, ses rencontres amoureuses, les aléas du climat avaient eu finalement raison de son bel habit d'écailles soyeuses.

Il n'est plus l'heure de bomber le torse ni de faire le gros dos quand on arbore un tel joyau. L'animal se posa, s'enveloppa de ses ailes désormais inutiles et attendit l'instant ultime pour emporter au paradis des papillons son bijou de famille.

11/02/2012

Boule de poil


Bombylius major

Très facile à décrire le bombyle, pas vrai ?
D'abord, qu'on se le dise: ce n'est pas un bourdon ! C'est une boule de poils avec deux ailes (ben oui, c'est un diptère !), six pattes et une très longue trompe non équipée d'enrouleur à l'inverse de celle des lépidoptères. Pratique pour les brochettes, les apéricubes et les olives mais assez gênant pour les bisous, ce me semble! Pas d'bol!

Quand il vole, Mister Bombyle se prend pour Superman : les pattes antérieures et médianes vers l'avant et les postérieures vers l'arrière. De plus, comme il lui faut du temps pour choisir où il va s'installer pour manger, il fait du surplace en vrombissant comme un moteur devant les couleurs vives de son assiette.

C'est d'ailleurs cette technique qu'il utilise pour duper ses victimes... Oui, on ne dirait pas, là, comme ça, en le voyant tout pelucheux avec ses bons gros yeux mais ce petit animal, inoffensif pour les humains, est un dangereux criminel pour d'autres insectes.

Mme Bombyle accouche le plus souvent chez ses voisins. D'abord, elle "lange" ses petits mais comme aucun bon magasin ne propose de couches pour œufs, Mme Bombyle s'est lancée dans la poterie. En frottant son petit bidon poilu sur un sol terreux, elle remplit ses "poches" de bonne terre (on se fait bien des masques à l'argile, nous autres humains!) qu'elle mélange à son mucus perso. Avec cette matière, elle enveloppe chacun de ses œufs d'une petite gangue de terre.

Ensuite, sans GPS, elle repère les entrées horizontales des galeries souterraines de ses voisins (des hyménoptères de préférence). Grâce au bruit inquiétant que font ses ailes quand elle vole comme un colibri, elle crée un mouvement de panique dans les rangs des habitants du lieu. Dès qu'elle a fait diversion, elle projette ses œufs protégés dans les couloirs puis s'en va, l'esprit tranquille. Elle sait que ses petits pourront, après éclosion, se diriger vers le garde-manger de la maison pour se nourrir des réserves de nourriture puis qu'ils pourront se délecter des larves qui dorment encore.

Quand je vous disais que cette mini-peluche était un monstre de cruauté !

Photo de mon Tonton Michel

05/02/2012

Le cas Asper

Morimus asper au cabaret des oiseaux
 (ou un Morime rugueux sur une cardère, enfin je crois!)

Tout le monde connaît Casper, l'adorable petit fantôme tout rond qui hante le manoir de Whipstaff avec ses trois oncles et qui se lie d'amitié avec une fillette...
Mais voici le cas Asper, tout aussi intéressant...

Si tel un chevalier du moyen âge, ce longicorne arbore un cimier imposant qui lui donne fière allure, il n'est pas le triste sire que certains se plaisent à dénoncer !
Comme Casper, il hante les demeures ancestrales et s'y installe.
Comme Casper, il aime les vieux manoirs qui sentent  le bois pourri.
Mais il a mauvaise réputation et c'est une erreur.
Monsieur et Madame Morime rugueux (Morimus asper) ne peuvent pas voler car leurs élytres sont soudées et pourtant, ils élèvent fort bien leur progéniture...Les autres Longicornes laissent tout faire à leurs marmots  et ceux-ci- xylophages, boulottent sans vergogne les charpentes de nos maisons. Mais les petits Morimus, eux, sont saproxylophages et ne se nourrissent donc que de bois en putréfaction. Ils adoptent, dès leur plus jeune âge, une démarche de développement durable en recyclant le bois des arbres morts et en transformant en matière organique les boiseries vieillies et pourries des manoirs hantés.

Cela redore un peu le blason des Longicornes, pas vrai?

Photos de mon Tonton Michel

01/02/2012

Mimi Maïs

 Misumène

Certes Madame Mimi (dans la haute société, sur son carton d'invitation, c'est plutôt écrit Misumena vatia) a un bon popotin mais comme c'est pareil pour son homme, elle n'en a que faire et n'a aucun complexe. Quelle veinarde!
Certes Madame Mimi peut se targuer d'avoir le bras long (enfin au moins 4 sur 8) mais elle n'a pas la grosse tête, elle, au moins!!!
Certes Madame Mimi n'a pas la démarche chaloupée mais plutôt la dégaine d'un crabe quand elle marche de travers ou à reculons.
Mais vous ne trouverez pas cette petite bestiole sur la toile car elle n'en tisse aucune. 
De plus,  pour échapper à ses prédateurs, elle revêt souvent une robe de la couleur de ses plantes-hôtes préférées. Rassurez-vous, les messieurs en quête de leur opisthosome pour assurer leur descendance parviennent à les repérer facilement ! Et n'est-elle pas mimi, cette petite araignée...

...qui ressemble tant à un grain de mais?